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L'ondée

9 août 2005

Les Amants du Lac Majeur

Je ne parviens pas bien à saisir la source de cette obsession fantasmatique. Sans doute remonte-t-elle au temps où nous avions traversé (il y avait si peu de "je" déjà à l'époque) cette magnifique région des lacs du nord de l'Italie. Mes parents, mes frères. Le poids indéfini, infini de le famille, de son ordre, de sa pression au mutisme. je devais avoir 16 ans.

Je me souviens d'avoir écouté sur mon walk-man le stabat mater de Pergolese, qui, loin des souffrances de la mère du Christ, soufflait l'amour dans toutes ces villas où je pouvais m'imaginer amante, aimante. Il y avait des pins autour de ces villas, des collines, de l'eau pour la fraîcheur et le cristal. C'était de pureté dont je rêvais, bien sûre d'être aimée, et d'aimer passionnément. Il y a de la certitude à imaginer. La réalité n'est pas décevante; elle est autre, et en tant que telle, ne provoque pas de collision, juste un peu d'ennui, d'écrasement et quelques appels au secours.

Mon amant de moi aimante était l'Autre du moment. Un étudiant en philosophie, bellâtre pour mes 16 ans et leur regard vif et désirant. Un italien, fils d'une amie d'un ami de mes oppresseurs parentaux interdicteurs, et que ces derniers avaient eu le malheur d'héberger sous leur toit un temps. Sous leur toit, et dans la chambre à côté de la mienne. L'insolente, l'innocente avait eu du désir pour lui, et avait tenté d'en suciter (et je l'ai su quelques années après, avec succès) dans son corps et son coeur à lui. Elle l'avait poursuivi lorsqu'il avait trouvé son propre cagibi estudiantin où résider, rompant un voisinage de murmures et de musique, de portes entrebaîllées. Elle avait traversé la ville, essouflée sur son bicycle, séchant ses cours d'EPS et de latin pour le retrouver, sonnant à des heures matinales pour se lover dans le lit où il dormait encore, feignant elle aussi le sommeil alors qu'elle avait le souffle court et le sang qui battait dans ses tempes. Elle n'avait eu de lui -quel délice- que quelques baisers, les paupières closes; Elle n'avait pas répondu, car s'il avait osé, c'est sans doute qu'il la croyait endormie. C'est sans doute qu'il la croyait.

La Victorieuse, l'amante de son amant de 10 ans plus âgé, allait retrouver Celui qui. Réellement, avec ses parents à elle chez ses parents à lui. Visite convenue entre ceux qui ne désiraient pas plus que des convenances, de la courtoisie. Lui aussi avait une mère dont il était le fils de, ainsi qu'un père géniteur. Les géniteurs allaient se retrouver dans leur pesanteur, et nous. Et nous ? Nous nous étions dans ces duos vibrants d'alto et de contralto, dans une brise légère qui faisait onduler ces longs rideaux blancs. La porte fenêtre donne sur le large du lac. Le dallage est un peu vieilli, brisé par endroit; les motifs n'en sont pas moins magnifiques. Vénitiens peut-être; ils n'en auraient que l'adjectif. Les draps sont en lin, blancs, bien-sûr, un peu rugueux, mais avec cette lourdeur de l'amour. je crois bien que c'est un réveil dans les bras de Celui qui; un réveil maintes fois visisté, habité.

Je l'ai revu, sagement. je ne me souviens plus bien. Il m'avait prêté son foulard. Nous avons visité des choses, cernés, ce qui ne m'a pas empêchéde me réveiller encore dans des draps de lin.

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5 août 2005

Retour

palais2

Retour au bercail après 15 jours d'océan. Un retour sans vagues. Anne, ma soeur Anne.... Non, elle ne voit rien. J'ai repris le train train, tout petit train ménager. Et le verre (commutable en bouteille, toujours) de vin, le crépuscule venu. J'ai commis ma première intoxication télévisuelle ce soir. Une belle merde avec une jeune fille qui semblait charmante, toute polissée et toute fraîche. Quelle merde.

Je me dis ce soir, comme tant d'autre soir, que demain, demain...Demain.

19 juillet 2005

Hier

Hier, j'ai cru comprendre des choses. Au cours d'une engueulade maison, aux détours de ses ingrédients habituels. C'était teinté d'enfance. Personne ne m'écoute. Ca sonnait déjà-entendu, ça sonnait comme cette transparence déjà connue que je dois dégager. J'ai eu quelques pensées ou ressentis de toute puissance vers quatre heures du mat: de toute façon, je me barre où je veux; avec des couilles d'emprunt, il est vrai que je serais sac au dos dans une rue de Santiago.

J'hésite à partir demain en vacances avec lui. Ira, ira pas. Je pourrais le jouer à pile ou face sans avoir le frisson. A vrai dire je m'en fous. Il peut bien me trainer comme son corps mort, comme son bagage. Fidèle compagne qui saura bien saluer ses amis avec politesse (quoique).

pluie_b

13 juillet 2005

Il y a des jours complets d'abrutissement. Il y a

pluie

Il y a des jours complets d'abrutissement. Il y a bien des années que je ne pense plus. Que je n'évoque plus. Ne croyez pas que je sois vieille. Souvent j'occupe mon corps à des fantasmes. L'esprit s'affaire au creux de son vide; ce n'est pas si bon et c'est frustrant. Je pourrais m'endormir contre ce corps chaud qui m'a choisie, et redécouvrir qu'autrefois, comme dans les contes, il faisait palpiter quelque chose en moi. Autrefois.

Ca traîne. Ma plus récente explosion a encore été dûe à l'alcool. C'était dans un bar quelconque, et c'était quelqu'un que je ne pourrais pas reconnaître aujourd'hui. Je ne sais pas bien qui a mis l'autre à poil, et qui a décidé de l'encastration. Je me suis rendue compte au matin que j'aimais la vue de ses fenêtres, et qu'il semblait gentil. Vite, mon cocon, vite mes habitudes, vite l'anesthésie, vite s'il-vous-plaît. Que tout cela se taise à nouveau, s'étouffe dans la ouate que j'ai filé toutes ces années. J'ai vu que le soulagement est une grande forme de plaisir. La ouate et les oeillères, la fuite. Retour au corps chaud qui m'a adoptée et que je connais, et qui sait me dire des mots au plus profond de son sommeil, des mots qui sonnent tendre.

12 juillet 2005

Angéline

Tu ne liras sans doute jamais ce que j'ai à te dire.

Je viens juste de te découvrir. Touchante et belle, j'ai envie de te dire "mon amie". De te caresser les cheveux, de discuter un peu avec toi dans un crépuscule qui te ramène en arrière et te refasse un peu enfant. En espérant que cela t'apaise. Tu me rappelles qu'un jour j'ai ressenti, j'ai vibré. Je ne m'en souviens que peu, comme une autre vie. Tu as raison, je suis une morte. Je ne sais pas comment c'est arrivé, de façon insidieuse. L'anesthésie. Te dire comment ça fait, ce que ça fait, je ne saurais plus. Je l'ai su un peu, le temps du passage. Au début on se sent grand et condescendant, comme l'adulte qu'enfant on se rêvait, le "quand-je-serais" devenu présent. Après on s'en fout. Maintenant, ça gêne aux entournures, sans plus; j'imagine que j'ai quatre-vingt ans et que je peux concevoir d'attendre la mort sans angoisse. C'est normal. Comme tout. Comme de regarder les infos en bouffant son plat de pâtes jusqu'à éclater devant des corps morcelés aux quatre coins du monde et trouver des explications rationnelles à.. Je le fais tout le temps.

Angéline, toi tu vis. Au moins. Moi je ne sens plus rien. Je ne me souviens de rien, et je ne dis ou n'écris "je" que par pure rhétorique, parce que dans la langue, c'est comme ça. Tu sais que tu existes et je t'envie. Sache que certains de tes morts se sentent morts, peut-être que cela te rassurera. Seule tu l'es bien-sûr, mais qu'elle solitude...! Regarde-la comme une oeuvre d'art.

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5 juillet 2005

Comme un jour de pluie

Et voilà une naissance. Comme un jour de pluie, une ondée. Son odeur d'herbe foulée... Un ruisselement. Je me lance.

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